La qualité des cuirs marocains

Voilà un sujet récurrent, pour les cuirs marocains comme pour tout autre cuir, qui est celui de la qualité d'un cuir. Difficile d'appréhender un domaine réservé aux initiés, à ceux qui travaillent le cuir, ces maroquiniers qui rarement révèlent leurs secrets.

Le novice qui souhaite acquérir un article en cuir va d'emblée s'intéresser à l'aspect esthétique avant toute chose, que ce soit pour une veste en cuir, un sac à main, des chaussures ou un pouf marocain. Mais la qualité du cuir se révèle dans les détails. Cela dépendra de son épaisseur, de sa régularité, de l'absence de blessures sur les peaux, de l'uniformité des couleurs ou encore de la qualité de la découpe du maroquinier.

Le cuir marocain, celui de Marrakech comme celui de Fès, sont des cuirs réputés comme étant de grande qualité. Le tannage est encore effectué à base de produits naturels. La coloration des cuirs sera du ressort du maroquiniers, par mélange de colorants naturels.

Les différentes parties du cuir

Les maroquiniers ont une parfaite connaissance des parties d'une peau. Les parties du pourtour d'une peau sont généralement de qualité inférieure. Le reintier présente en revanche la meilleure qualité du cuir. Il est d'ailleurs possible de voir à l’œil nu sur la photo la régularité et l'épaisseur du cuir de cette partie centrale.

La culée est aussi une partie de qualité surtout chez les peaux de chèvre. A l'opposé, les plis du collet et de l'aine nuisent à l'aspect du cuir. Ces parties souples et moins épaisses permettent les déplacements de l'animal. Pour le maroquinier, ces parties seront presque toujours inutilisables. Enfin les flancs se caractérisent par un grain rugueux peu esthétique.

On peut donc constater qu'un maroquinier consciencieux aura beaucoup de déchets sur une peau. La confection d'un sac à main en cuir, par exemple, devra donc réunir principalement les parties centrales d'une peau. Les deux faces d'un sac sont toujours faites d'un cuir épais et lisse, sans trace et avec un grain fin. De même, la bandoulière et les poches extérieures devront être découpées dans la partie centrale afin de ne pas se déformer à l'usage. Les poches intérieures pourront être constituées d'un cuir plus fin provenant des pattes. Les parties granuleuses (flanc, collet) pourront être utilisées éventuellement comme contreforts.

La teinture du cuir

Certains maroquiniers continuent de réaliser les teintures du cuir. Ils sont passés maître dans l'art de mélanger les colorants naturels pour obtenir la teinte voulue. Le bleu bondi, de la famille des cyans, est commun pour les sacs et les poufs en cuir. Cette teinte est cependant très difficile à obtenir. Un léger excès de pigments d'indigo peut faire tourner la couleur au bleu outremer. De même, certaines qualités d'indigo produiront un bleu-vert. Si l'artisan maroquinier doit fabriquer une série de poufs de la même couleur bleu bondi, il lui faudra une certaine expérience pour parvenir au résultat.

Le cuir bronzé

Il est une couleur vraiment naturelle, obtenue grâce au soleil. Les teintes marron, de la plus claire à la plus foncée, sont réalisées en laissant les cuirs exposés au soleil. Le temps d'exposition va déterminer le niveau d'intensité de la teinte marron. Une exposition prolongée donnera un cuir brun.

Une fois que le maroquinier aura sélectionné les différentes parties du cuir, la découpe d'une pièce devra être parfaite. La forme précise d'une pièce de cuir permettra une couture régulière et résistante. Les plus belles portions de peaux seront utilisées sur les faces les plus visibles de l'objet en cuir.

Avec un œil un peu exercé, il devient assez facile d'estimer la qualité du cuir. On retiendra que l'épaisseur, le grain, la teinture et l'homogénéité d'un cuir détermineront la qualité d'un sac comme d'un pouf en cuir. Enfin l'épaisseur du cuir sera variable selon qu'il s'agit d'un cuir de bœuf ou d'un cuir de chèvre. Mais cela ne signifiera pas forcément une qualité moindre du cuir.